du Paradis, éperdument

28/08/10 — Corinne Bayle, Annie Le Brun (avec Novalis), et Claude Louis-Combet


Pour une autre rentrée, sont proposés à votre attention de très beaux livres, plutôt à contre-courant.

La narratrice de Du paradis, Journal de Poméranie (1792-1804) a pris les traits d’une soeur imaginaire de Wilhelm Wadenrocker. Novalis, en premier, mais aussi quelques autres irradient cette très belle réussite littéraire de Corinne Bayle, romantique, rêveuse, nervalienne à souhait, mais non moins universitaire rigoureuse (pléonasme). C’est aux éditions Aden dirigées par Lazhar Nahal.

Si rien avait une forme, ce serait cela, le livre d’Annie Le Brun est paru en avril dernier. J’y reviens à cause d’un certain nombre d’insistances sur Novalis, et aussi à cause d’un dernier chapitre où règne une effervescence intellectuelle qui n’est pas sans rappeler le cercle d’Iéna. Les protagonistes en sont Ovide, Duchamp, Jarry, Octavio Paz, Anders, Warburg et Diane prend un bain de jouvence ! et l’Actéon-lecteur ne donne pas sa part aux chiens...

Pour Claude Louis-Combet, deux ouvrages : Le Livre du fils, chez Corti, éditeur fidèle, qui laissera une impression forte, tandis qu’aux Presses du Septentrion, un recueil de textes sur Des artistes rappelle selon ses mots qu’il n’est d’esthétique que de la rencontre.


« Heureusement que nous sommes/ au paradis, autrement nous serions/ obligés de croire à la terre. »
Heather Dohollau [1]

« Pour moi, Novalis est beaucoup plus important que Hegel, car il est sans doute le seul à oser penser la totalité en dehors de la maîtrise. De lui, on ne retient que la notion de « fragment », sans voir que c’est le point de départ d’une stratégie de la non-maîtrise, si je puis dire, pour appréhender le tout. Il s’agit en fait d’une démarche essentiellement poétique où la totalité ne se découvre que dans le mouvement analogique qui relie et délie les fragments. Il n’est que de voir l’absence de prétention de la revue Athenaeum dans laquelle lui et ses amis se retrouvèrent entre 1798 et 1800 pour mettre la pensée en demeure de répondre à la vie sensible. Cette forme-là engage aussi la pensée car l’analogie se confond avec une quête du devenir de la forme. Que la trajectoire de ce petit groupe ait été aussi fulgurante explique que ce feu continue d’exister. »
Annie Le Brun
 [2]

Avec un être comme la littérature, on se trouve dans le cas où la force qui lui a donné le choc initial, la force d’excitation, croît dans la proportion où sa vitesse augmente et où, par conséquent, ses capacités s’accroissent tout autant. Tu te rends compte alors qu’elle vise à une infinitisation.
Novalis [3]

Corinne Bayle, Du Paradis, Journal de Poméranie (1792-1804)

En exergue à : Territoires du songe, l’introduction de Gérard de Nerval, L’Inconsolé, Corinne Bayle fait appel à Novalis avec ce fragment :

« Das Leben soll kein uns gegebner, sondern ein von uns gemachter Roman ».
(La vie ne doit pas être un roman que l’on nous donne mais que nous faisons) [4]

A quoi elle ajoute :

« Écrire au sujet de Nerval suppose écrire avec Nerval et pour Nerval. Il n’y eut pas de poète, peut-être, pour qui l’existence et la littérature furent aussi intimement nouées, pour qui l’épanchement de l’œuvre dans la vie réelle eut une telle importance, réversible, afin de donner du sens à l’une et à l’autre, comprendre ce qu’être et écrire veulent dire. »

Ce faisant, c’est aussi au sujet de son propre travail, de ses propres livres [5] qu’elle s’exprime, et le tout dernier : Du Paradis, Journal de Poméranie (1792-1804), aux éditions Aden [6] n’y déroge pas.

Et voici un livre, qui tient désormais une place élective dans ma bibliothèque en ses affinités, à l’instar, d’un Kleist, un jour d’orgueil [7], ce bel essai de Pierre Mari, qu’un jour me mit entre les mains la psyché entre amis, touchant au point vif [8].

Oui, ce nouveau livre de Corinne Bayle est une réussite parfaite. D’aucuns le diront à contre-courant ; il n’en est que plus nécessaire.
A quoi cela tient-il ?
Le prière d’insérer indique :

« Dans une vieille demeure au bord de la Baltique, une jeune fille rêve son existence, espérant aller étudier à Dresde où, avec Caspar David Friedrich, s’invente la peinture de paysage. Avide de savoir, elle lit, elle écrit, dans l’ombre de son frère Wilhelm qui lui fait connaître ses amis philosophes, et d’abord le plus singulier d’entre eux, le poète Friedrich von Hardenberg - Novalis - pour lequel elle éprouve bientôt des sentiments exaltés. A Iéna, elle se lie avec Caroline, l’épouse d’August Schlegel, puis de Schelling. Avec Friedrich Schlegel, Ludwig Tieck, Clemens Brentano, tous partagent le goût des discussions passionnées et des amitiés intellectuelles, dans l’admiration critique des œuvres de Schiller et de Goethe. [...] La narratrice de ce journal de jeunesse pourrait être la sœur imaginaire de Wackenroder [9], une lointaine cousine de Bettina von Arnim ou de Caroline von Günderode [10], l’une de ces inspiratrices qui accompagnèrent l’aventure du premier Romantisme allemand. »

S’agit-il alors d’une oeuvre savante ? Oui dans sa préparation — son infusion dirais-je : lire les trois pages de Remerciements in fine. Mais avant tout d’une fiction, d’un travail littéraire dont la moindre prouesse n’aura pas été de donner force et plausibilité à ce Bildungsroman au féminin. Certes les dramatis personae relèvent de la convention du récit aux nobles personnages, et la figure de Novalis irradie bien sûr l’ensemble [11], chacune des autres prenant son exacte place, et son poids de paroles mémorables ou citables [12]. Les douze années qu’occupe ce journal (l’héroïne a dix-huit lorsqu’elle l’entreprend) se déploient sur quelques 150 pages, auxquelles de fait la forme fragmentaire (discontinuités, inégales longueurs des notations) donne son rythme à une dimension réflexive soutenue tandis que se déroule une "tranche de vie" des plus riches et des plus stimulantes. Ce qui impressionne tout particulièrement, c’est la manière dont à la mort omniprésente et qui touche des êtres jeunes, s’oppose la vie la plus ardente, avec pour horizon l’absolu, et la façon qu’a Corinne Bayle de restituer cela, donnant à l’ouvrage une communicative énergie. Et voilà pourquoi, il est à mettre entre toutes les mains de "Ceux qui aiment" selon la formule affectionnée de Claude Louis-Combet [13].

Inopérablement "fleur bleue" [14], j’illustre avec quelques extraits :

4 juin (1794)
Par-dessus tout, je voudrais que soient reliés ensemble l’art et l’amour. La création artistique est un refuge, et aussi un besoin vital, je ne pourrais vivre sans créer, ni vivre sans aimer - et je veux mener une existence romantique, m’affirmer dans une oeuvre d’art dans un état d’esprit libre et poétique. [...]

2 octobre (1798)
[...] Une lettre de Caroline m’a raconté avec enthousiasme les leçons de Schelling [15] à Iéna, sa capacité pour captiver son auditoire en parlant de la philosophie de la Nature, de la nécessité d’embrasser l’univers dans sa totalité, de la lumière qui se répand sur tous les objets lorsqu’on ose les considérer du point de vue de l’unité de la raison ... Pour lui, la nature doit être l’esprit visible, et l’esprit, la nature invisible. Toute plante est pour ainsi dire « le trait griffonné de l’âme » et « ce que nous appelons Nature est un poème qui se trouve enfermé dans une merveilleuse écriture chiffrée » ... J’étais charmée, moi aussi, de loin, me disant que les yeux si bleus de Schelling avaient sans doute également impressionné Caroline, autant que sa pensée. Pour lui, le secret de l’amour réside en cela qu’il lie ceux qui pourraient être chacun pour soi, et cependant ne le sont pas, et ne peuvent être l’un sans l’autre.

Et ce qui surprendra, ravira peut-être, le lecteur, la lectrice « modernes », — desquels pour employer un vieux langage, la narratrice devient au fil des pages comme « une âme soeur » :

20 octobre
De Berlin où je ne pouvais demeurer, je suis partie pour Iéna, auprès de Caroline. Ici, je me sens au cœur de réflexions qui exaltent en moi une passion pour la culture et l’intelligence et je me réjouis de cette consolation bizarre, comme l’engourdissement de ma souffrance depuis la mort de Wilhelm et l’angoisse intime que provoque en moi la certitude de la mort prochaine de Friedrich - je crains constamment le pire et je sais que je me suis étourdie dans les bras de Schlegel pour ne plus penser, et enfin dormir. Il doit venir quelquefois me rejoindre [16].

Insisterai-je ? si vous aimez, vous ferez très certainement passer... [17]

Annie Le Brun, Si rien avait une forme ce serait cela

Le dernier livre d’Annie Le Brun [18], paru en avril dernier, a reçu comme les précédents un très bon accueil. J’y reviens, m’autorisant pour avoir été ce "petit jeune homme de province" du propos de conclusion d’Odile Hunoult dans La Quinzaine littéraire [19] :

« La culture au pays des merveilles bénit tout et son contraire. Ce livre, avec ses passages à couper le souffle, lui aussi objet littéraire sur la scène culturelle, sera bien reçu, puis submergé selon un processus d’étouffement par le trop [20] qu’Annie Le Brun a elle-même décrit. Mais un livre est, comme un être, une « singularité », qui crée autour de lui son propre espace, et modifie l’espace. Au décours du temps il suffit qu’il croise la route d’un petit jeune homme de province, qui n’aura encore rien lu et remontera le fil, Anders, Bataille, Lautréamont, Nietzsche, Novalis, Sade ... » [21]

Alors je ne m’attarde pas sur la signification du titre de l’ouvrage, l’auteur le fait très bien, ni à l’endroit où « cale » Hegel, ni ne complimente le lyrisme (j’aime beaucoup la carte du ciel intérieur parmi mille belles trouvailles) pour n’insister que sur deux points :

1. La grande sensibilité au premier romantisme allemand, à Novalis en particulier. Aux pages 131 à 137, Heidegger, pour privilégier le « Poème » au détriment d’une conscience poétique pour lequel Hölderlin aura tout risqué et Blanchot (son utilisation de Monologue, pour attester la pureté de l’espace littéraire) en prennent pour leur grade, à capter la poésie par la théorie. Je relève en particulier :

[...] Maurice Blanchot en vient à extraire du romantisme allemand l’idée d’une « autre nuit » vierge de toute figuration. Nuit qui serait « inaccessible, parce que avoir accès à elle, c’est accéder au dehors, c’est rester hors d’elle et c’est perdre à jamais la possibilité de sortir d’elle » - ce qui paraît quand même difficile à concevoir - alors que, beaucoup plus clairement si je puis dire, les Hymnes à la nuit sont indissociables d’une érotisation, au cours de laquelle, tels des astres intérieurs, « les yeux infinis que la Nuit a ouverts en nous [ ... ] percent les profondeurs du cœur aimant ».

Oh, oui !

2. “La troisième partie oppose à toutes les domestications, occultations et évitements « le discernement du désir » toujours renaissant, signe et apparition irréductible de la force de la négation (« l’amour vise toujours contre nature »). Annie Le Brun parie le surgissement contre la transcendance, « l’embrasement érotique qui transforme la vue en vision, ne serait-ce qu’un instant », sous le signe de la métamorphose d’Actéon, chasseur devenu bête de chasse, poursuivi par ses propres chiens pour avoir coïncidé un instant avec son désir. Poursuivant-poursuivi, haletant, le livre est alors, comme Actéon, « converti en ce qu’il poursuivait ».” écrit Odile Hunoult dans l’article cité.

Ce qui est à souhaiter au lecteur. Je m’explique. J’approfondirais en ayant recours aux formules de pathos d’Aby Warburg ou autres images survivantes décrites par Georges Didi-Huberman, et irais jusqu’à proclamer bienheureux Actéon. « Est-ce possible ? » [22] pour cela il faudra suivre Annie Le Brun lectrice de Jarry, admiratrice de Duchamp (La mariée mise à nu — Retard en verre — et Étant donnés 1°) La chute d’eau, 2°) le gaz d’éclairage), d’Octavio Paz, et de Giordano Bruno (Les fureurs héroïques). C’est dire si Diane prend un bain de fraîcheur ! Allez donc aux pages 248 et suivantes, quelles pistes ! A votre tour, de devenir créateurs de « la science sans nom », et vous verrez à l’instar de Warburg resurgir les chiens d’Actéon au coeur de « la causalité dansée » des Indiens Hopi. C’est évidemment irrésumable, mais ce n’est pas une « solution imaginaire », puisque le sujet est le même : la circularité du regard.

S’attardant sur la guérison de Warburg à la clinique Bellevue [23], Annie Le Brun se réfère comme elle l’a fait à plusieurs reprises dans l’ouvrage à Günther Anders, lorsque celui en appelle à des "exercices d’élongation morale" afin de donner une plus grande extension aux opérations habituelles de son imagination et de ses sentiments.

Et Annie Le Brun de questionner : Ne s’agirait-il pas là de cette« innocence véritable » qui pour Novalis, est « élasticité absolue —indomptable qui ne se peut subjuguer » ? (245)

Et avec elle d’ajouter « la question de l’amour comme une question politique, puisqu’il va de la possibilité ou non de l’éperdu [24] à même de transfigurer nos jours et nos nuits. Il n’est pas de pari amoureux qui ne se confonde avec cette course contre la force des choses. » (216) [25]

Claude-Louis Combet, Le livre du fils ; Des artistes

Ce n’est rien de dire que j’ai amitié, admiration et respect pour l’oeuvre et la personne de Claude Louis-Combet. Je l’ai manifesté en maintes lettres ou occasions. [26]
Mais je peux parfaitement saisir des propos tels que ceux-ci :

« Ma fascination pour l’oeuvre de Claude Louis-Combet relève de l’ordre du mystère. L’écrivain met en scène ce qui me révulse, m’effraie et me fait battre le coeur de répulsion. [...] Lectrice captive, [...] je demeure ensorcelée, écorchée vive, prise au piège d’une clarté crépusculaire, le coeur déchiré. »
Ce que Corinne Bayle justifie ainsi :
« Des thèmes issus de nos ténèbres les plus intimes ne peuvent se dire que par la grâce d’un style irréprochable, Ce qui me bouleverse provient de ce contraste, de ce point de déchirure entre le jaillissement puissant d’une énergie brutale et le poli d’une langue totalement maîtrisée ». [27]

D’aucuns, nouveaux lecteurs, auront peut-être cette sorte de réaction en découvrant Le Livre du fils aux éditions Corti. L’éditeur, fidèle, depuis 1993 [28] m’a confié avoir pris la liberté d’ajouter en quatrième de couverture à la suite des mots de l’auteur, en eux-mêmes parfaits [29] :

« Ce livre aurait pu tout aussi bien s’intituler « Naissance d’une vocation d’écrivain », car c’est bien de cela qu’il s’agit. Point d’aboutissement en même temps que point de départ, tel est le paradoxe de ce grand livre qui sera à l’œuvre de Louis-Combet ce que furent Les Mots pour Sartre, Enfance pour Sarraute, L’Âge d’homme pour Leiris et, si l’on remonte dans le temps, Les Confessions pour Rousseau. »

Et il est vrai que la brève mais dense seconde partie de l’ouvrage : Corps d’écriture (pp. 83-93) corrobore parfaitement ce propos réflexif scandé par au commencement, la sensation [30], succédant au propos davantage narratif, avec des inserts eux aussi réflexifs [31] qui fait le corps du livre : Corps maternel.

Faut-il raconter ? non, au lecteur de découvrir, la manière quasi osmotique, symbiotique dont l’écriture traduit dans un premier temps la fusion avec le maternel, comme dans un second temps (violent) elle dit le détachement, tandis que se substitue le corps de l’amante, et l’abandon de la rêverie religieuse (fantasmes aussi héroïques, qu’érotiques-voilés, l’explosante-fixe de Breton n’est guère loin !).

Qu’ajouter ? le coeur ainsi mis à nu ne peut susciter qu’une chose : respect mêlé d’émerveillement.

***

Publié aux Presses universitaires du Septentrion, Des artistes, s’est sans doute signalé aux happy few. Quelques mots donc, pour leur en adjoindre quelques autres.

Je laisse la parole à l’artiste des artistes (je souligne) :

« Des artistes réunit la somme des textes consacrés tout autant à l’amitié de quelques peintres, sculpteurs, graveurs et autres créateurs, rencontrés au fil de l’histoire personnelle le long d’une trentaine d’années, qu’à l’originalité esthétique des œuvres. La même ferveur embrasse les formes et les êtres qui les inventèrent comme autant d’images de leur existence et de leur intériorité. Sans aucune révérence pour des critères de succès, de publicité, de notoriété, le mouvement de la pensée s’efforce de coïncider au plus juste avec la vérité induite par les sensations et impressions d’essence charnelle grâce auxquelles l’art a rapport avec la vie, avec la part nocturne de la conscience et avec ce noyau d’interrogations métaphysiques qui ne connaît pas de relâche et qui, sous l’appellation suave et à peine susurrée, d’âme ou de cœur, saisit l’avènement de la beauté pour miroir révélateur de l’être au monde et à soi-même. »

Leur liste est longue [32] éclairante quant aux affinités électives et à la fidélité de l’auteur à ses choix en matière esthétique. A cet égard je souligne qu’en ce qui concerne le photographe Jean-Marc de Samie, c’est le portrait d’Henri Maldiney qui a été retenu [33].
Il est indispensable de mentionner :
« Quelques noms qui me touchent sont absents de ce recueil.
Je les cite afin que la présence globale et enveloppante de l’amitié liée à l’expression artistique ne comporte ni faille ni oubli en ma mémoire : François Béalu, Domingo Djuric, Henri Landier, Claude Margat, Marie Morel, David Nebreda, Élizabeth Prouvost [34], Cécile Reims, Élisabeth Thébaud. Ils ont fait ou feront l’objet d’autres écrits. Il n’est d’esthétique que de la rencontre. » (Préface)

Richement illustré (en noir et blanc), ce livre est à la fois plein de découvertes et de retrouvailles. Sous le titre Danser au dedans [35], j’ai admiré l’évocation (pp. 175-179) de L’inquiète quiétude d’une écriture, texte de Louis-Combet auquel Valentine Verhaeghe donne son talent chorépoétique [36].

Là, s’écrit d’une autre manière le chapitre : Corps d’écriture du Livre du fils, par celle qui danse pour introduire à la vérité [37].

© Ronald Klapka _ 28 août 2010

[1Heather Dohollau, La venelle des portes, Folle avoine, 1996, p. 77 (1° édition, 1980) citée ici par Vianney Lacombe, in L’Ange du visible, postface au recueil Le Point de rosée, aux éditions Folle avoine, septembre 1999, fondées et dirigées par Yves Prié.

[2Annie Le Brun, in "Appel à la désertion", entretien en ligne sur le site Arcane 17, pp. 6-7.

La réponse à la question : « Dans Du trop de réalité, vous faites progresser votre propos par
l’analogie. La forme du langage n’engage-t-elle pas la pensée ?
 » commence ainsi : « De reposer sur l’appréhension sensible, l’analogie est le mode de pensée qui me convient le mieux. Mais d’être, de ce fait, aussi imprévisible qu’incontrôlable, elle est frappée d’inexistence par les professionnels de la pensée pour qui ce n’est pas sérieux de s’en remettre à ce genre de démarche intuitive. Étrangement, l’écho rencontré par Du trop de réalité laisse supposer qu’un certain nombre de gens pensent le contraire. »

[3Novalis, Dialogues, cité par Gilles Jallet, Novalis une réflexion seconde, in Le crâne de Schiller, Hermann 2006, pp. 43-44. De ce remarquable recueil d’essais écho a été donné « dans un déchirement immense de la voix » . A noter que Gilles Jallet a également donné un Novalis, chez Seghers, qu’il a créé la revue Monologue, en hommage au texte fameux de Novalis : « C’est au fond une chose bizarre que de parler et d’écrire ; la conversation vraie et est un pur jeu de mots ... » qui mène à « Et ainsi je serais un écrivain au travail puisque l’écrivain, lui, est toujours un inspiré de la langue. » Il y accueillit Roger Laporte auquel Le crâne de Schiller apporte un éclairage décisif sur la Biographie (pp. 145-171, Roger Laporte et la « chose ».

[4Novalis, Fragments, Poéticismes, 187, in Le Monde doit être romantisé, éditions Allia Traduction d’Olivier Schefer, également traducteur du Brouillon général et de Semences, v. la notice de l’éditeur. Aux éditions La Lettre volée : Poésie de l’infini, Les derniers fragments aux éditions ENS-Rue d’Ulm.
Laurent Margantin, qui, avec Olivier Schefer et Charles Le Blanc, a donné La forme poétique du monde aux éditions Corti, vient de proposer une nouvelle traduction des Grains de pollen (assortie d’une introduction) aux éditions publie.net.

[5Parmi ceux-ci on retiendra, Gérard de Nerval, la marche à l’étoile, aux éditions Champ Vallon, 2001, où l’auteure propose une lecture de l’oeuvre s’inscrivant dans ce que Barthes désignait par histoire pathétique de la littérature, attachée aux moments de vérité qui donnent leur dynamique à l’oeuvre, ici une marche en aveugle vers une Étoile, image autant de la conjonction que de la disjonction. La biographie intérieure s’approfondira avec le magistral Gérard de Nerval, l’Inconsolé aux éditions Aden en 2008 (v. recension d’Aurélie Loiseleur). Deux ouvrages plus personnels (mais cet adjectif a-t-il un sens ?) Rouges roses de l’oubli (Champ Vallon) et Ombres d’amour en rêve aux éditions Noroît (Québec), proches par la tonalité (nostalgique), la facture (étoilement du texte), l’inspiration poétique (avec de beaux regards sur certaines oeuvres d’art, je songe à Picasso ou Nicolas de Staël dans le second). Il est à souhaiter que les lecteurs rendus enthousiastes par leur réception de Du Paradis, se mettent à la recherche de ce beau récit, qui est un peu comme l’être perdu, dont la poète s’est mise en quête. La Librairie du Québec leur donnera de l’y trouver.

[6Corinne Bayle, Du Paradis, Journal de Poméranie (1792-1804), aux éditions Aden. L’éditeur Lazhar Nahal a confié à Robert Bréchon de diriger la collection Le cercle des poètes disparus, dans laquelle on trouvera naturellement son Pessoa. Parmi ces biographies « intérieures », outre le Nerval de Corinne Bayle, les non moins remarquables Jouve de Béatrice Bonhomme ou Dhôtel de Chantal Dupouy, naguère mentionnés ici. Ces ouvrages ont à la fois la force des travaux universitaires les plus aboutis, et celle de l’empathie profonde des auteurs avec leurs « sujets ».

[7Ce qu’en écrivit Pierre Deshusses, pour Le Monde des livres, édition du 13.06.03 :

« Ce livre est l’un des meilleurs qui aient jamais été écrits sur Kleist. En seize brefs chapitres, Pierre Mari nous emmène au plus près de l’énigme que représente cet écrivain, sans chercher à élucider les zones d’ombre de sa vie, ses voyages mystérieux, ses disparitions non moins mystérieuses, ses maladies étranges. Qu’importe de savoir si Kleist était impuissant, s’il bégayait ou autre. L’important est ailleurs, dans l’éclat d’une vie toujours décentrée qui ne connaît ni la lenteur ni l’harmonie, dans la profondeur d’un doute qui n’est jamais éclairant ou méthodique mais dévastateur, dans une langue multiple et hirsute, étrangère à elle-même, surgie de nulle part, effrayante et fascinante. Kleist n’a jamais cherché à arrondir une vie en destinée, une écriture en oeuvre. Pierre Mari n’introduit pas d’ordre dans ce chaos mais l’éclaire, montrant les arêtes des blocs puissants qui le composent. »

Kleist, un jour d’orgueil a été publié aux PUF dans le collection Perspectives critiques dirigée par Paul Audi et Roland Jaccard. L’expression « Un jour d’orgueil » est empruntée aux « Litanies de la mort » à l’adresse d’Henriette Vogel avec laquelle Kleist se fondit dans la mort. Pour de nouveaux lecteurs à venir, son incipit :

« Toute l’existence de Kleist qui nous importe est prise entre une lettre en forme de dissertation morale, où le projet d’émancipation et de perfectionnement de soi se développe dans une clarté éminente, et le billet lyrique des « Litanies de la mort », adressé le dernier jour à la compagne de suicide [...]. Chacun [des deux textes] semble aimanter l’autre et en tirer une énergie paradoxale : tandis que le billet du dernier jour ouvre une trouée extatique et libère un courant inattendu, le sérieux de la lettre initiale tourne à la hantise et à l’obstruction, brouillant pour longtemps les ressorts de l’action et de la pensée. Cette symétrie inverse n’a rien d’un mauvais tour du destin. Elle est le sceau de Kleist, la figure d’ensemble d’une vie qui aura cherché ses voies entre commencement pur et lignes de hasard, acharnement de conscience et oubli éperdu - exaspérant l’alternative jusqu’à créer un champ de forces halluciné. Il n’y a pas beaucoup d’hommes dont la fin découle à ce point du régime des prémisses, tout en échappant si miraculeusement à leur ombre portée. Les douze années qui séparent les deux lettres en subissent une étrange torsion : entrechoquement de crises, de naufrages et de tentatives pathétiques, elles semblent à la fois récuser toute conjonction et nouer une alliance hautaine, rageuse et difficilement démêlable.

[8Après chez Actes sud, Résolution, et L’Angle incliné , Point vif, récit très impliqué (littérature, formation (« université sauvage »), entreprise, amitiés profondes), s’intrique avec la méditation la plus personnelle, et « attend ses lecteurs ».

[9Aux éditions José Corti, en 2009, Charles Le Blanc et Olivier Schefer, ont donné une nouvelle traduction (complète) du livre écrit par Wilhelm Wackenroder et Ludwig Tieck Les Épanchements d’un moine ami des arts et Fantaisies sur l’art, (Domaine Romantique), avec pour le premier traducteur une préface : Wackenroder et la musique, et pour le second une postface : Wackenroder au seuil de la modernité.

[10Dont Corinne Bayle nous offre en manière de postface comme une fleur, un talisman, un viatique, le poème « Hochrot », Rouge vif : « Toi, rouge profond/ Que jusqu’à la mort/ Mon amour te ressemble,/ Que jamais ne pâlisse/ Que jusqu’à la mort/ À Toi rouge ardent/ Il ressemble. »

[11« Il avait des idées singulières et embrassait le monde d’une énergie peu commune, voulant toujours aller au fond des choses, creuser les apparences, pour en ramener une beauté inconnue qu’il ne séparait pas de la vérité ou, plutôt, d’une transparence et d’une clarté durement conquises sur les ténèbres. Loin de penser à l’écart des autres, il se disait électrisé par la réflexion d’autrui. Le dialogue et les échanges étaient le creuset même de ses théories d’une extrême vivacité et d’une souplesse qui lui permettait d’englober la totalité des éléments du réel en une formidable marqueterie de signes dont chaque hiéroglyphe réclamait une clef. Ce n’était pas seulement la poésie et la philosophie qu’il voulait réunir, mais bien l’art et la vie. » p. 9, qui constitue une sorte d’introduction de la narratrice à son Journal de jeunesse.

[12Cf. Le début du livre d’Alain Cugno, La blessure amoureuse, essai sur la liberté affective au Seuil, 2004, et la nécessité d’adopter une devise comme une formule de vie.
Pour donner rapidement la teneur de ce livre essentiel, ces mots d’une recension de Jean-Yves Calvez pour la revue Étvdes : « Ni le titre ni le sous-titre ne disent pleinement tout ce que va révéler ce livre. La « blessure amoureuse » est cependant bien au centre : être aimé, puis « n’être pas aimé, n’être plus aimé ». Une absence de réciprocité native. L’altérité vraiment. Laisser être autrui. Alain Cugno effectue ici une analyse approfondie, très riche des mouvements et retournements du cœur. Dès le début, en outre, il montre combien être aimé renvoie à notre origine, à « l’origine » : le thème qui se développera, de plus en plus, dans les derniers chapitres du livre. » (Étvdes, 2005/1 (Tome 402), p. 134)

[13Cf. Proses pour saluer l’absence, José Corti, 1999, pp.

[14Cf. Corinne Bayle : « Quant à moi, je l’avoue, mon amour du romantisme n’est depuis longtemps plus opérable ... », recension de La Forme poétique du monde, sur le site de Jean Moncelon

[15Je note dans les remerciements de Corinne Bayle, l’expression de la reconnaissance à Livane Pinet-Thélot pour la toute première impulsion de la revue Les Heures, en février 2006, bel écho à Die Hören, la revue fondée par Schiller !

[16Caroline, Schlegel (épouse d’August) ; Wilhelm, Wackenroder (frère de la narratrice) ; Friedrich, Novalis ; Schlegel, Friedrich.

[17Et à des jeunes gens de préférence ! qu’ils deviennent alors insatiables de tout ce qui concerne ce premier romantisme allemand.

[18Annie Le Brun, Si rien avait une forme ce serait cela, éditions Gallimard NRF, 2010.

[19J’y renvoie ; c’est le meilleur et de loin que j’aie lu. Quinzaine littéraire n° 1015, du 16 au 31 mai 2010, pp. 18-19.

[20Du trop de réalité, publié chez Stock en 2000, est disponible en folio (2004).

[21Odile Hunoult n’a évidemment pas oublié Jarry pas plus que Leiris, elle cite à l’instar d’autres commentateurs un des propos d’ouverture (pp ; 16-17) d’Annie Le Brun :
C’est pourquoi, afin de conjurer les roulements de tambour de leur faux sérieux, j’invoquerai ceux qu’on n’a aujourd’hui aucune chance de rencontrer au bord du chemin.
Sade, pour le sens moral .« La philosophie, Justine, n’est point l’art de consoler les faibles ; elle n’a d’autre but que de donner de la justesse à l’esprit et d’en déraciner les préjugés. Je ne suis point consolant, moi, Justine ; je suis vrai. »
Novalis, pour la conscience poétique : « L’homme ajoute à toute sensation une autre sensation dès qu’il commence à penser. »
Alfred Jarry, pour la voyance amoureuse : « Et PLUS ? rêva Marcueil. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est comme l’ombre fuyante de cette course ... Et plus, cela n’est plus fixe, cela recule plus loin que l’infini ... »
N’ayant rien dans les mains ni dans les poches, je me référerai à eux plus qu’à tout autre, parce que leur prévention intuitive à l’égard des systèmes, jusqu’à la mise en doute de toute convention, les désigne à qui, devant les monceaux d’espoirs pris dans la gigantesque décharge des théories en décomposition, il paraît inévitable de s’interroger sur un cours des choses incontestablement en train de changer de nature. »

[22Le lecteur du Surmâle - dont on sait la brillante postface écrite par Annie Le Brun - suit déjà.

[23Cf. Ludwig Binswanger, Aby Warburg, La guérison infinie, Histoire clinique d’Aby Warburg, Bibliothèque Rivages, 2007.

[24Allusion à ce titre : De l’éperdu, Stock, 2000 ; folio, 2005.

[25L’émission de France-Culture, "le bon plaisir..." de 1992, est audible en ligne (site Arcane 17) ; elle donne la mesure de la fidélité d’Annie Le Brun.

[26Depuis L’écriture au corps jusqu’à Magdeleine à corps et à Christ en passant par la Rue de la Madeleine, sans omettre les Atopiques ou encore Les Egarées magnifiques ni oublier La sphère des mères.

[27Corinne Bayle, Le coeur déchiré, in revue Prétexte, « Autour de Claude Louis-Combet », juin 1997. Lire le texte in extenso.

[28Voir la bio-bibliographie commentée, et cet extrait d’une Note de l’éditeur :
« C’est en termes de lieu d’accueil que l’auteur parle de sa maison d’édition. Et ce qui rassure Claude Louis-Combet quant au devenir de ses écrits n’a d’égal que le sentiment, pour nous, d’avoir été compris : complicité évidente ? Certes, mais surtout cette sensation de reconnaître ensemble le signe tangible d’une aimantation, sans laquelle il n’y a pas d’auteur, et a fortiori d’éditeur.
Nous frappe ainsi l’adéquation entre Claude l’homme et Claude l’écrivain : jamais de double discours mais une identité de paroles. »
In L’Oeil de Boeuf, n° 16, octobre 1998, pp. 73-74.

[29Les lire dans la présentation des éditions José Corti.

[30« Il n’est rien des mots qui comptent, rien de la phrase qui se déroule, rien du texte qui se construit, qui ne laisse fleurer le parti pris du sensible. Même dans ses développements les plus abstraits, quand l’intelligence des sens s’approche de la pensée, le texte ne se démet jamais du poids des expériences initiales et initiatrices, lesquelles renvoient aux pôles de jouissance et de souffrance autour desquels l’existence s’est déployée, depuis le commencement du temps.
Et c’est pourquoi il faut parler de l’écriture comme du corps - non pas comme d’un objet analogique qui se situerait à distance, à l’extérieur de son être, et par comparaison, mais bien comme d’une chair de verbe associée à la chair de l’homme, comme d’une projection fantasmatique et symbolique, issue du désir et de la douleur du vivant, et chargée de toutes les traces et empreintes véhiculées dans le flux de la mémoire organique. Récit ou poème, réflexion ou vision, le texte a partie liée avec le corps - avec le souille et la voix, avec le chant, la plainte et le cri, avec la pression des organes et la tension des muscles. Il est la concrétisation rythmique des échanges vitaux et des émotions de fond. Cela, dans l’écriture - perceptible dans l’essence musicale du texte, antérieurement à toute logique et indépendamment de tout contenu intentionnel. »
Dit-il, approuvé-je (pp. 88-89).

[31Voire dialogiques, par exemple à la p. 29 :
« Avec ce seuil, s’achève l’ère du commencement. Au-delà, l’espace se resserre et le temps se compte. L’écriture n’est plus à la contemplation infuse mais à l’exploration de la mémoire. Elle s’éloigne de la poésie et se rapproche de l’histoire. Souhaitons-lui de s’y égarer afin que le texte demeure. »

[32Pierre BASSARD, Frédéric BENRATH, Louis-René BERGE, Simon BOCANEGRA, Simone BOISECQ, Nathalie BONN, Daniel COIRON, Bérénice CONSTANS, Hélène CSECH, DADO, Yves DOARÉ, Jean-Paul DROMARD, Leonor FINI, Bernard GILBERT, Paul GONEZ et François MIGEOT, J-G. GWEZENNEG, Éric HURTADO, Michel JACQUOT, Bernard JOBIN, Francesca LATTUADA, Karl-Jean LONGUET, Henri MACCHERONI MALKOVSKY, MECHTILT, MIC’TORN, Francis MOCKEL, Claudio MONTEVERDI, Christian ODDOUX, Felix de RECONDO, Annick ROUBINOWITZ, Jean RUSTIN, Jean-Marc de SAMIE, Gabriel SAURY, Roland SÉNÉCA, Robert SÈVE, Jean-François TAILLARD, Jean-Claude TERRIER, Valentine VERHAEGHE, Pierre VERMOT-DESROCHES, Christiane VIELLE, Thierry ZÉNO.
Des artistes, Presses Universitaires du septentrion, 2010.

[33[Dont] la face qui tend son arc à la proue du temps garde assez de son éternité native pour avoir droit à sa part de lumière. Occasion de rappeler le beau portrait qu’a donné Louis-Combet de son maître, et d’indiquer la réédition de Ouvrir le rien, l’art nu (1° éd. 2000) aux éditions encre marine, dont le premier chapitre est fort éclairant quant à la distinction entre l’artiste, rare, qui est surpris par l’oeuvre et le "fabricant supérieur", beaucoup moins rare, et dont l’apparence de "surprise" n’est pas exempte de calculs ni de ressentiment.

[34Ce site porte traces de la collaboration avec Louis-Combet : Magdeleine à corps et à Christ, d’une part, Ô Dieu entaure-moi, ensuite avec la promesse d’un possible livre sur le thème du radeau de la Méduse.

[35qu’explicite ceci :
« On voit souvent que le corps s’incline ou se soulève, que la tête se tend en avant ou cherche à s’enfouir dans le nœud des bras et des épaules. On voit les genoux plier ou monter. On voit aussi la femme se réduire, se retirer, se replier et presque se fœtaliser comme pour exprimer son désir de renaître et d’accéder à la vraie vie. En somme, une telle avancée - une telle offrande - du corps transfiguré par la danse nous est proposée comme une invitation à entrer nous-mêmes dans la voie de l’intériorité, annoncée par Madame Guyon comme voie de salut. »

[36Et découvert le site de l’artiste !

[37Rejoignant en cela l’hommage à Malkovsky :
« Le maître n’enseignait pas. Il provoquait l’âme dans le corps. Il provoquait le corps dans le monde. Et c’était la naissance d’un être à sa juste vérité. » (p. 109)