Heather Dohollau : trois poèmes

mise en ligne du 6 juin 1997



La maison de la vie

[...]
Je cherchais le réel
Hors la fuite des heures
Les lieux du mirage
Mais ce fut le cercle
Instable du présent
Qui livrait le monde
Ce fruit de l’air
Il suffisait de se retourner
Et de regarder comme dans un berceau
Le vide ourlé du temps
De se pencher sur la blancheur
Et de croire aux couleurs
A la mer réelle des marées
A la vie de la mort
....
Quelle maison est la mienne ?
Une qui m’attend derrière le mur du jour
Ou loin en arrière au coeur d’une rue
Dans une ville autre et la même
Ou celle dont chaque instant est le seuil
Ces fleurs là-bas sur une table
Dans un bruissement de porte

Pages aquarellées
Folle Avoine 1989

Hölderlin à la tour


Les oiseaux intermittents
Les champs toujours là en face
Les mots voltigent, reviennent
Le touchent, il tend la main
Et les pose doucement
Les uns à côté des autres
Ils disent les choses très simples
Comme la musique
L’eau est calme
L’ombre de l’oiseau surprend
Les jours sont longs
Comme au début de la vie

A partir d’un moment d’une extrême
simplicité il ne faut plus espérer

Seule enfance
Solaire 1978 ; Folle Avoine 1996

La tempesta

Une capeline blanche
Improbable aux épaules
Une femme allaite
Là où tout va de soi
Les tours se penchent
D’une longue lumière
À l’instant de l’éclair
Et elle nous tient à jamais
Où nous sommes : debout
À la fenêtre de son regard

© Heather Dohollau _ 6 juin 1997