d’une joie « venue d’ailleurs »

17/04/2012 — Hélène Cixous, Pierre Alechinsky, Pierre Ginésy, Florence Dupont


« Que "dénouer" est une activité qui reste toujours une question de patience (ce qui n’exclut pas qu’il arrive qu’elle se trouve parfois divinement récompensée, lorsqu’elle voit les derniers nœuds se résoudre de plus en plus vite devant elle, éveillant une joie rapide dans ses ultimes gestes, ceux qui n’ont plus que des boucles à retourner et à tirer pour qu’apparaisse soudain, sous l’espèce d’un fil rendu à sa simplicité, ce qui pourtant, peut-être moins encore que le droit, "ne saurait apparaître" : la liberté brillant et s’étirant dans ses méandres.) [1]

« Elle avait lu Paul et Virginie », écrit Flaubert au début du chapitre consacré à l’adolescence d’Emma Bovary. La dédicace de La Fable des Jours voudrait être un témoignage d’affection pour celle qui a si bien mêlé sa vie et ses lectures, pour celle qui a mêlé l’amour et la littérature, au point de s’y perdre, pour celle qui a souffert jusqu’au bout de confondre la fable et la réalité. Et la nommant ainsi, je fais d’un personnage de roman une femme réelle, je confonds à mon tour le réel et la fable, l’art et la vie. [2]



Hélène Cixous, Le Voyage de la racine alechinsky [3]

« Comme le point d’interrogation rescapé d’un naufrage, devant les estampes et les toiles de Pierre Alechinsky revient la vieille, la troublante, l’absurde et douloureuse question de l’apprentissage de l’écriture. »
 [4]. On se doute bien que c’est à l’apprentissage scolaire que se réfère ici Gérard Macé, et on aura sans doute appris que l’artiste, qui l’a dit plus d’une fois, s’il écrit de la main droite, peint de la main gauche. Ceci pris à la lettre, et c’est le mot, sera notre point de départ pour accompagner le voyage de la racine alechinsky, tel que décrit, raconté, médité par Hélène Cixous, qui, retournant un vieux précepte (métaphysique, moral), manifeste avec éclat que la lettre vivifie ! Voyez et lisez :

« L’Épluchure a un synonyme, un double déchaîné, rigolo, l’Épluchure en tant que cascadeuse a une jumelle qui s’appelle Ribambelle. Ribambelle est une drôle qui fait souvent équipe avec Alechinsky. Elle joue le rôle de la Reine des fées, elle se trouve un peu partout, batifole, avec sa traîne de fées minimes. Lorsqu’Alechinsky écrit une merveilleuse lettre de salut à Dubuffet, elle est là accompagnée d’une poignée de mots de jeux « secrètement savants, goguenards », gamins géniaux jetés sur « fond entrecroisé blanc » par les effets d’une agitation juvénile - la juvénilité miraculeuse d’octogénaire sans âge, mots de jeux féeriques, mots-fées qui courent sur le papier en cabriolant de leurs syllabes avec, dit-il, une sorte de « dextérité mystérieuse de plus en plus au fait » (aux fées), « dextérité sur le papier », dit notre ambidextre sur le papier, « là où la jeunesse se loge, se love », se vole - dans les plumes, à rebrousse-poil, se tord de rires exactement comme le paquet de Pucks de Titania (la reine embobinée du Songe d’une Nuit d’Été) aux noms alechinskyens : Pease blossom, Mote, Cobweb, Mustardseed, genre violet de Mars ou Naphtol Crimson. »

C’est à la page trente et une et il y en a quelque cent trente qui courent de même, dénichant de passages en passages « où la jeunesse se loge, se love »...

Voilà en effet un ouvrage propre à ragaillardir le lecteur, à lui communiquer l’allant, des textes, des images, des auteurs dont les écritures se soutiennent de l’énergie de l’une et de l’autre. De prime abord, aussi, un beau livre, dans l’acception de ceux dont on aime à faire cadeau. Et c’en est bien un de ce point de vue, et dès la couverture où la ligne de beauté accueille le lecteur. Quant au dedans, quels que soient le format, la couleur, le vis-à-vis du texte, ce qui aura été ici rassemblé de l’oeuvre d’Alechinsky, tout concourt à conforter ce sentiment d’être accueilli dans l’atelier intérieur des deux amis, configuré tout exprès pour nous amener d’une spirale à l’autre, la Grande :

C’est la fin de l’année 2010. Bougival. Il va et vient, animal, agile, avance, recule, frôle d’une main tendue aveugle le grand visage noir blanc blanc noir du dernier tableau. Il y avait eu par ici, hésite la main gauche, une Spirale. Tout avait commencé pendant l’été. Une Spirale, noire, avait fait apparition sur la face des eaux blanches encore. Pré-signature de la litho qui viendrait. La litho est venue - et la Spirale a « disparu ». Engloutie. Devant nous écume un Océan de noir et de blanc battus en tourbillons. On « reconnaît », Ô évidence, l’ œuvre de la Queue de Moby Dick, le cachalot blanc, cela ne peut être que« lui », que « elle », à la fin. Titubant sur une planche de pont (imaginaire), le témoin, dans une danse acrobatique, fouille les flots du regard, où est-elle passée, la Spirale ? Elle est « ici », nous ne la voyons plus, mais c’est elle qui bat la mesure inouïe de cette musique.

Soyez du voyage ! serpentez d’une extrémité à l’autre ! révisez vos alphabets...

(À cet égard, il est bien tentant de se référer, mêlant les écritures, la picturale et la littéraire, aux travaux d’Anne-Marie Christin, et notamment à L’invention de la figure [5]. Un des commentateurs de ce livre, Thomas Vercruysse (note supra), nous livre, ce qui nous semble rallier ce propos :

« L’inscription de la figure serait moins l’objet d’une nécessité que d’un désir : celui d’effectuer son tracé. Cette pulsion serait donc kinesthésique, voire chorégraphique, et, comme l’art chorégraphique, elle lierait le destin de la figure à celui de l’éphémère, elle le vouerait à la disparition. La figure, à son origine, apparaît bien moins comme une conservation utilitaire que comme la célébration d’une fragilité ».)


Pierre Ginésy, Outrances — du sujet
Un si néfaste Président et autres textes [6]

Pas la moindre paresse ici que de commencer par citer quelques lignes de l’introduction de ce livre — dont le sous-titre pourrait faire penser à un ouvrage de circonstance ou d’intervention (sur ce point, il l’est !) car il est bien davantage — tant il dit la manière dense de l’auteur, que ce qui en sous-tend la visée, non seulement en ce qui concerne ce texte, mais aussi quelques autres faisant l’objet depuis quelques années de parutions soutenues [7] :

« Les textes réunis ici se proposent non de faire livre, totalisation de sens reposant en sa clôture bien assise, mais plutôt de parcourir les cinq années que nous venons de traverser, paradigmatiques en leur dévoiement, des années néfastes comme nous le dirons, temps de honte aussi pour un peuple qui a accepté de s’y prêter en se mettant à la merci de ceux que l’étymologie suggère de qualifier du nom d’énergumènes (du marché).
Des textes écrits à partir d’un carrefour peu fréquenté, là où le questionnement psychanalytique accepte d’être déplacé dans ses certitudes par le Geschick heideggérien (ce qu’il est convenu de traduire en français par l’« historial ») - et inversement. Déconstruction de la métaphysique qui est évidemment étrangère en sa démarche aux cadres nosographiques hérités de la médecine et de la psychiatrie, invisible opacité qui fait barrage résolu et efficace à toute prise en compte du destinal.
Nul hasard, si, dans cet abord qui est aussi abord du monstrueux, le théâtre tragique, une fois encore, nous ouvre le chemin ; un tragique qui n’est donc pas tant le tragique grec que le tragique romain, celui qui était contemporain de Néron et de Caligula.
...et vetitum mare / tetigistis, Ursae. Temporum flexi vices ; ainsi dit Médée dans la pièce de Sénèque [8], anticipant sur Kant de près de deux millénaires. »

A cela, on ne se privera pas d’ajouter la clausule de la quatrième de couverture :

« L’attention ainsi portée aux vestiges-prémices d’un entendement conjectural attentif aux harmoniques du temps vient ici inquiéter l’Unheimlichkeit freudienne dans sa méconnaissance des envoûtements, "concertés et calculés" selon Antonin Artaud, qui térèbrent la Terre actuelle ».

Ces quelques indications auront fourni ce repérage : la rencontre de l’historial et de la psychanalyse, la reconsidération de rationalités autres, et ce qui retiendra l’attention ici : la manière dont cette réflexion rencontre le questionnement de Florence Dupont relatif au tragique romain. Aussi celle-ci est-elle abondamment citée, discutée, notamment à propos de la Médée de Sénèque [9].

Cela occupe — significativement — presque la moitié du livre : « Les extases du temps » (75-103), « Un si néfaste Président » (104-113), « Courber l’échine, les origines traumatiques du modèle allemand » (114-122), « Considérations intempestives sur le monstrueux » (123-129), « Nihilismes, Médée ou l’aube grise » (130-143).

C’est certes, orienter la lecture, mais c’est assurément ce qui en donne tout le prix [10], le détour par le tragique romain, est sans doute l’une des manières de s’extraire des doxa et vulgate diverses (mais pas vraiment variées : omnipotence des experts et de l’évaluation, faute de mieux, ou de pire, c’est selon) qui engluent le regard en ce qui concerne les difficultés du présent.

Et d’en rajouter, sans barguigner, sur l’orient de ce livre, en pointant spécialement son dernier chapitre, qui met au jour l’inouï du médéen dans la tragédie de Sénèque (ce qui explique de parler de Médée sous rature). Chapitre qui n’est pas fait pour les spécialistes, au contraire, même s’il exige une lecture soutenue [11], son écoute donne sans doute d’entendre -autant que faire se peut, et chacun selon qu’il y est disposé - la sorte de vibration qui parcourt l’ensemble du livre propre à desceller les évidences les mieux établies...

Ainsi cette reprise (p. 142) de Florence Dupont :

Un vers d’Ennius, cité par Florence Dupont est paradigmatique du chiasme destinal, chiasme du jeu des mots et des lettres nouant une étrange chorégraphie avec la destinée des mortels (c’est Médée, là encore, qui parle) :
Mihi maerores, illi luctum, exitium illi, exilium mihi.
« A moi les chagrins, à lui le deuil, la mort pour lui, l’exil pour moi » Florence Dupont est attentive au balancement de la phrase, à sa symétrie en chiasme, jeu quatre fois répété d’un nom à l’accusatif et d’un pronom de personne au datif. « Les deux premiers noms sont proches par le sens mais distincts par le son, les deux autres sont proches par le son mais distincts par le sens ». Jeu aussi des lettres M et L, l’une unissant mihi et maerores, l’autre illi et luctum. Florence Dupont le constate avec acuité « Ce vers réalise dans sa musique les deux destins un instant convergents, luctum et maerores, puis brutalement divergents, exitium et exilium, de Jason et de Médée, par la volonté de l’héroïne ».

Ici le psychanalyste se fait poète [12], et vates [13] tout à la fois.

© Ronald Klapka _ 17 avril 2012

[1Gérard Granel, « Le fil de l’analyse », Apolis, Trans-Europ-Repress, 2009, p. 24.

Suivent peu après ces quelques lignes :

« Si la récompense de nos longs efforts vient d’être dite arriver "divinement", ce n’est pas qu’elle rémunérerait nos mérites et serait donc elle-même "bien méritée" (comme dit cette fois le calcul moral), c’est exactement le contraire, c’est qu’au moment même où la "proportion" du travail et du dénouement, jusqu’ici hors de vue et hors de portée de toute anticipation, soudain se révèle "sous nos yeux", elle y révèle aussi son essentielle inapparence, elle se donne comme aucune proportion, une "identité" ou une "égalité" sans balance - qui, incroyablement, se balance là sans raison, comme une sorte de blanc, sans traits ni rapports, symétrique pourtant exactement (mais sans aucun axe de symétrie) de nos bras ballants qu’elle vient de priver de tout travail afin de nous laisser en contempler silencieusement le résultat comme une sorte de mot de notre existence même.

Sans doute est-ce là "cette autre lumière encore" qui s’ajoute à "la belle lumière du travail", pour parler comme Wittgenstein (réfléchissant précisément à sa propre tâche : défaire les nœuds de l’entendement)l. Lumière d’une récompense sans proportion, d’un Logos sans logoi, qui, plutôt que de nous payer de nos peines, nous absout du non-sens de vivre et de travailler. Ce qui est assurément divin. Il l’est peut-être plus encore - si l’on ose dire - que ce "quelque chose de divin", comme dit Platon (qui ajoute aussi qu’il "prédomine en nous"), nous n’ayons même pas besoin de le connaître pour l’avoir reconnu (Ulysse encore, qui, dans le berger qui se retourne et s’en va, "reconnut la déesse"). De même le divin ne peut-il recevoir de réponse plus digne de lui que celle que nous lui adressons dans un soupir en nous asseyant enfin, écoutant couler dans notre banale fatigue le sang d’une joie "venue d’ailleurs" (Je souligne). Toujours sans le savoir. Savourant pourtant dans la tâche ce qui dépasse toute tâche. Car le "sens de la vie", lorsque parfois il en habite le cours effectif, se révèle être non un sens, mais une saveur. Et celle-ci est réservée au travail, non à la richesse, à qui tout est fade. »

Ce Fragment de l’histoire d’un concept, a été partiellement publié dans La notion d’analyse, P. U. du Mirail, 1992, Actes de la seconde Rencontre franco-péruvienne de philosophie (Paris-Strasbourg-Toulouse 30 oct. - 6 nov. 1991) p. 83-103.

Renée Koch-Piettre, exprime à la fois la teneur du livre et son admiration pour ce texte lors la présentation d’Apolis de Gérard Granel à la librairie L’Odeur du Temps, Marseille, le 12 juin 2010 (video, à/c de la 14° minute), que retranscrit cette recension, invitation à « suivre dans les fourrés textuels et dans l’obscur des phénomènes les pistes où se recroisent, se perdent et se retrouvent
l’être et le dire ».

[2Jean Paul Goux, La Fable des Jours, Digraphe Flammarion, 1980, quatrième de couverture, signée de l’auteur, qui ajoute :

« Cette fable qui utilise le mensonge de la fiction pour dire le vrai comprend sa morale : aimer c’est aller jusqu’à ce point où le sentiment de son identité vient à se perdre. »

Il s’agit en effet de (vous) mener à l’instant parfait, celui pour lequel ils avaient forgé l’expression ferveur matinale : « comme s’il était à la fois possible d’aimer et d’écrire. » (162)

[3Hélène Cixous, Le Voyage de la racine alechinsky, Galilée, 2012.

[4Gérard Macé, Alechinsky à livre ouvert , repères n° 82, galerie Lelong, 1992. Qui poursuit ainsi :
« Comment avons-nous pu prendre ce pli, si régulier malgré quelques erreurs, le tremblement du début et de la fin, une tache ou une rature de temps en temps ? Comment avons-nous pu supporter ce dressage, pendant des heures le corps cassé en deux, la nuque de plus en plus raide, les doigts peu à peu crispés ? Tout cela pour faire tenir dans la page un propos qui n’était même pas le nôtre ; pour ne pas dépasser la mesure, ne pas déborder dans la marge, respecter des intervalles, tracer des lettres égales malgré nos sautes d’humeur et la couleur des voyelles ...
Si nous avons laissé le privilège du rouge à un maître assez rusé pour paraître bienveillant, c’est à cause du prestige de l’écriture : la promesse d’un chant dans les poèmes recopiés, les confins d’un autre monde dans les majuscules enluminées. »

[5Anne-Marie Christin, L’invention de la figure, Paris, Flammarion, coll.« Champs-arts », 2011 ; à lire, absolument, pour y conduire Pour une grammatologie de la figure de Thomas Vercruysse qui pointe avec force et justesse :Aux sources du lisible, le visible ce dont n’est pas sans résonner, dans son approche aussi affectueuse que rigoureuse, la lecture d’Hélène Cixous, lecture qui enchante et qui éveille à la fois.

En ce lieu, impossible ne de pas évoquer les très nombreux livres qu’aura illustrés Pierre Alechinsky, tout particulièrement aux éditions Fata Morgana, ce dont Alain Paire, offre un magnifique aperçu avec :
« Pierre Alechinsky / Fata Morgana, des hommes qui aiment les livres » ; juste par tendresse spéciale, j’indique, doublement, La ligne de Pierre Bergounioux, aux éditions Verdier, dont en quelques traits, Pierre Alechinsky aura aussi souligné le vif du mouvement, le vif de la vie !

[6Pierre Ginésy, Outrances — du sujet, Un si néfaste Président et autres textes ; aux éditions Apolis, 2012.

En couverture du livre, pour faire signe et sens : Xuàn, 2009, d’Isabelle Grangé. Pierre Ginésy précise à propos de cet idéogramme chinois (lire Sous le regard muet de spectres irradiés, p. 72 sq.), figure du tourbillon : « Ce tourbillon susceptible de tout détruire pourrait d’ailleurs ironiquement signaler, au-delà du seul nucléaire, le nihilisme mondialisé et aveugle de la technique moderne, aussi bien que les innombrables lieutenants de ce nihilisme, hommes-de-la-masse pris eux aussi d’un vertige redoutable, d’une ivresse ravissant leur entendement et ce qui leur restait de repères ».

L’ouvrage dispose d’un index, qui a aussi fonction indicative (et pas seulement étymologique) ; outre les noms de Florence Dupont (de Sénèque et de Médée (et Jason)), de Martin Heidegger, abondamment cités, on y trouvera nécessairement ceux de Nietzsche, Freud, Lacan, Derrida, Levi-Strauss, Loraux, Vernant, Mandelstam, l’adjectif nefas, les concepts de nihilisme et d’Unheimlichkeit...

[7Voici les titres : Jacques Félician, Pierre Ginesy, Renée Koch et alii « …à Jean Clavreul, répliques » (2008) — Pierre Ginesy, « Diaboliques 1 …là où le soleil se tait » (2009) ; « Diaboliques 2, dans l’angle mort du logos » (2010) — Adrienne Dimakopoulou, « Chlôrêis aêdôn » pâle rossignol (2010), plus d’informations en ligne.

[8« ...et vous avez touché, Ourses, une mer qui vous était interdite. J’ai changé le cours des saisons », Sénèque, Médée, v. 758-9, traduction François-Régis Chaumartin, Les Belles-Lettres, coll. Budé, p. 186.

Florence Dupont, citée en exergue de « Les extases du temps » par Pierre Ginésy, p. 75, traduit la parole de Médée : Un semblable désordre a bouleversé le ciel / Les étoiles ont rencontré le ciel / Les Ourses ont touché à la mer interdite / J’ai faussé la marche du temps.

[9Florence Dupont, qui a traduit cette tragédie (Le Spectateur français, 1997), a publié en 2000, Médée de Sénèque, ou Comment sortir de l’humanité (Belin Sup, Lettres), après Les monstres de Sénèque en 1995 (poche en 2011, chez Belin).

Florence Dupont a très récemment recensé William Marx, Le Tombeau d’Œdipe. Pour une tragédie sans tragique, aux Éditions de Minuit ; à lire, sur Fabula : « Les dieux ne lisent pas », qui ramène la littérature à ses frontières historiques.

[10« Et pourquoi ce voyage ? / Et pourquoi ce périple ? / Pour une toison d’or / Et une femme plus dangereuse que la mer / Médée / Elle était le prix de la course / Le prix à payer par le premier navire / Le juste prix » (Sénèque).

[11Qu’il s’agisse des débats actuels sur l’autisme, de Freud et de la fiction, du théâtre latin et du dévoilement (j’ai appris le mot patefaction), chez Heidegger relativement à la question esthétique, en fait la visée artistique ; le chemin peut paraître escarpé, les vues en sont renouvelées.

[12Le terme de « musaïque », forgé par Pierre Ginésy, me semble tout à fait rendre compte de sa manière d’interroger, d’entendre, et de donner à comprendre la recherche qui est la sienne.

[13Aussi salue-t-il les promesses d’un travail novateur, celui de Marcello Carastro, La cité des mages, Jérôme Millon, 2006.